“En 2° année de Deug “Sciences de la vie”, nous avions des travaux pratiques (TP) de physiologie animale. Voici quelques exemples :
- Pour certains TP, il fallait utiliser des morceaux d’intestins d’un rat (rat vivant se trouvant dans la pièce d’à côté, d’après ce que m’a dit plus tard la secrétaire de la section physiologie).
- Un autre TP consistait à étudier les potentiels d’action. Pour ce faire, les enseignants apportaient des sceaux remplis de grenouilles vivantes dans leur classe et les tuaient devant les élèves pour qu’ils puissent faire le TP…
- Des élèves en 3° année m’ont rapporté qu’en physio animale, un des TP était réalisé sur des rats vivants, et si le rat venait à mourir durant la journée, l’élève avait zéro.
Lorsque le LMD (Licence Master Doctorat) est arrivé, la 3° année s’est généralisée et il y avait un module de physiologie animale obligatoire. J’ai donc tout simplement changé de cursus car je ne me voyais pas lutter constamment pour valider mon année. En effet, lorsque j’ai refusé de faire l’expérience avec les grenouilles, un épuisant périple a commencé pour valider ce module, et donc mon année. Les enseignants et responsables n’étaient pas ouverts pour la majorité à l’objection de conscience. L’absence à un TP équivalait à une interdiction de passer le module et donc de le valider à l’écrit. J’ai eu droit à différents discours, bizarrement semblables mot pour mot d’une personne à l’autre avec des mises en garde comme ne pas faire de scandale face aux autres élèves, des dissuasions de continuer dans ce cursus (il n’est pas fait pour les gens sensibles…). Seul un enseignant de physio animale m’a soutenue. C’est grâce à lui que finalement j’ai pu trouver une solution : il suffisait de faire acte de présence, de rendre un document, même vierge, attestant de ma présence au TP et de partir. Chose que les autres enseignants se sont bien gardés de me dire. Certes le zéro était assuré mais pas ma présentation à l’examen écrit de physiologie, que j’ai validé par la suite.
Cet épisode m’a littéralement convaincue de changer de cursus, car il était tout simplement impensable d’aller contre mes convictions. J’espère q’un jour, comme dans d’autres pays, les universités françaises accepteront l’objection de conscience dans les sciences de la vie et la suppression de l’expérimentation animale qui n’apporte rien de plus à ce niveau d’études.“
Angélique H.