VIH sur primates. Espoir ou coup de com ?


23 février 2015

Depuis quelques
jours une nouvelle à propos du VIH est abondamment relayée par les médias avec
des formules de type :

Une nouvelle substance anti VIH fait naitre l’espoir d’un
traitement à effet prolongé.

Pro Anima est mal à l’aise face à ce type d’effet d’annonces. Voici pourquoi.

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Tout d’abord il
s’agit de tests sur animaux
. On le sait aujourd’hui les expérimentations
animales ne sont pas nécessairement extrapolables à l’espèce humaine c’est à
dire l’espèce concernée.

Les mécanismes
observés sur les macaques et les données collectées ont probablement une
utilité pour soigner des singes, mais ceux-ci ne développent pas la maladie : ils ont été rendus malades par l’homme.

Bien que très consommatrice de « modèles animaux » le VIH est un
rétrovirus spécifique à l’être humain. Cela signifie qu’il n’est pas
naturellement présent pour tout autre animal d’où le nom de virus de
l’immunodéficience humaine. Pourtant des primates
non-humains  (virus d’immunodéficience simienne ou encore SIV),
des chats sont encore largement utilisés.

Pourquoi le VIH n’est pas SIV

Certains primates africains, sont naturellement infectés par le virus de l’immunodéficience simienne
(SIV), mais ne développeront pas le sida proprement dit car leur réponse
immunitaire au SIV (et le VIH), reste efficace même après plusieurs années
d’infection. Concernant le singe macaque rhésus asiatique, celui-ci n’a même
jamais été exposé au SIV, donc il n’a pas de réponse immunitaire naturelle. Il
sera donc infecté de manière artificielle, développera une forme de sida et le
combattra avec un système immunitaire bien différent de celui de l’espèce
humaine. Afin de surmonter ce problème, les chercheurs ont conçu un « hybride »
des virus SIV et VIH, connu sous le nom  SHIV. Cet hybride a été
généré pour infecter des macaques tout en essayant de préserver les propriétés
du VIH. Pourtant aucun hybride n’est capable de mimer totalement les propriétés
du VIH.

Qu’en sera-t-il
pour les humains ?

Selon le
neuroscientifique américain Philip Low, à peine 6% des thérapeutiques aboutissent
réellement sur la marché
. Une mise sur le marché ne signifiant pas excellence
loin s’en faut.

Dés lors on
ne peut que déplorer une communication mondiale déplacée, pouvant d’ailleurs impacter les personnes véritablement en attente de progrès
thérapeutiques voire même donner de faux espoirs.

Les chercheurs
eux-mêmes admettent qu’il faudra désormais attendre les essais cliniques sur
l’homme pour être totalement sûr de cette découverte. C’est pourtant ce filtre
qui trie implacablement les fausses pistes des réelles découvertes.

Un média connu écrit à propose de cette nouvelle : s’agit-il d’un tournant dans la lutte menée
contre le sida ? il est encore trop tôt pour le dire.
Alors pourquoi en
parler ?
Les chercheurs devraient montrer plus de retenue lorsqu’il s’agit
d’une maladie aussi connue.

La course aux publications

La course aux
publications est également un facteur à analyser. Les chercheurs pour montrer
qu’ils sont à la tache doivent publier leurs travaux dans les revues
scientifiques à comité de lecture.
En revanche il n’est pas obligatoire de
publier les travaux n’ayant pas aboutis, mais les travaux dont l’impact est positif
en termes d’image seront mis en avant et moussé dans les médias. Les budgets et
autres subventions seront alors bien plus facilement disponibles grâce aux
publications.

Pendant ce temps-là
les malades patientent et les primates trinquent. 

Dans les laboratoires
ils sont rendus malades par le VIH, on leur provoque des crises cardiaques, on
les euthanasie alors que les alternatives aux expérimentations animales sont
trop rarement soutenues.

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