VIH : le point sur la recherche. Quelles alternatives aux expérimentations animales ?


1 décembre 2014

Il y a plus de trente ans, le 5 Juin 1981, ce que l’on croyait être une forme peu connue de la pneumonie allait donner lieu a la découverte du syndrome d’immunodéficience acquise, plus communément connu comme SIDA.

Une découverte ayant eu, et encore aujourd’hui, un impact significatif dans notre monde moderne.

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 Aujourd’hui 34 millions de personnes vivent avec le VIH et il continue d’être l’un des plus grands défis de la médecine.

Les immenses progrès de la recherche permettent d’affirmer, tout du moins dans les pays riches ayant accès aux soins, qu’on ne meurt plus du sida.

 Des traitements ont été développés et peuvent ralentir nettement l’évolution de la maladie.

Côté vaccin, la recherche est toujours très active même si les résultats décevants des dernières années suggèrent que cela n’est peut être pas le moyen le plus efficace pour lutter contre cette maladie.

La communauté scientifique reconnait maintenant que les difficultés qui entravent le développement d’un vaccin contre le VIH sont des questions scientifiques fondamentales*, et non pas pharmaceutiques**.

Il est bien établi aujourd’hui que le sida est causé par le virus d’immunodéficience humaine VIH, qui cible le système immunitaire humain. Celui-ci créé un certain nombre de stratégies spécifiques pour éviter la réponse immunitaire. Il détruit les cellules du système immunitaire qui sont censés le combattre. En conséquence, l’efficacité du système immunitaire est progressivement réduite laissant les personnes vulnérables aux infections opportunistes et aux tumeurs.

 En outre, et peu après l’infection, le VIH insère son matériel génétique dans les cellules humaines, où il reste caché. Le virus existe dans différents sous-types, et peut basculer entre les sous-types. Cela signifie que le VIH est très variable et en constante évolution ce qui rend une réponse immunitaire plus difficile.

 Afin de développer un vaccin efficace, toutes ces questions doivent être abordées, mais l’un des obstacles majeurs dans la lutte contre ces problèmes est le manque d’un bon modèle pour la maladie

Bien que très consommatrice de « modèles animaux » le VIH est un rétrovirus spécifiques à l’être humain.

 Cela signifie qu’il n’est pas naturellement présent pour tout autre animal d’où le nom de virus de l’immunodéficience humaine. Pourtant des primates non-humains  (virus d’immunodéficience simienne ou encore SIV), des  chat ( virus d’immunodéficience féline ou encore FIV) , ou des souris ( Déficit immunitaire combiné sévère des souris modèles ou DICS) implantés avec des tissus humains sont encore largement utilisés.

Pourquoi le VIH n’est pas SIV

Certains primates africains, tels que les chimpanzés et quelques espèces de singes, sont naturellement infectés par le virus de l’immunodéficience simienne (SIV), mais ne développeront pas le sida proprement dit car leur réponse immunitaire au SIV (et le VIH), reste efficace même après plusieurs années d’infection.

Concernant le singe macaque rhésus asiatique, celui ci n’a même jamais été exposé au SIV, donc il n’a pas de réponse immunitaire naturelle.

Il sera donc infecté de manière artificielle, développera une forme de sida et le combattra avec un système immunitaire bien différent de celui de l’espèce humaine.

 Afin de surmonter ce problème, les chercheurs ont conçu un « hybride » des virus SIV et VIH, connu sous le nom  SHIV. Cet hybride a été généré pour infecter des macaques tout en essayant de préserver les propriétés du VIH. Une autre variante de la méthode SHIV existe…

Pourtant aucun hybride n’est capable de mimer totalement les propriétés du VIH.

Plus grave : un médicament qui pourrait être efficace chez l’humain peut être abandonnée car inefficace chez les animaux…

 L’avenir

Les principales avancées proviendront sans doute de la recherche fondamentale et d’une compréhension plus en profondeur du mécanisme infectieux.

Les avancées clés des méthodes sans animaux sont prometteuses.

Pour n’en nommer que quelques-unes : compréhension du rôle du mucus comme obstacle à l’infection au VIH sexuellement transmissibles, les descriptions des premiers réponses immunologiques chez l’homme après l’infection aiguë au VIH et la démonstration que l’infection au VIH chez les humains est généralement initié par un seul ou un très petit nombre de virus fondateur.

Sur le front des vaccins, le développement d’algorithmes de calcul se révèle très efficace dans la conception d’immunogènes uniques pouvant aborder la possibilité de contrôler le virus ou d’empêcher l’absorption du virus chez certaines personnes. Les progrès dans d’autres domaines de la biomédecine, tels que le développement de séquençage d’ADN plus rapide et moins coûteuse et à haut débit et des technologies informatiques, sont des outils prometteurs importants pour réévaluer notre compréhension des maladies.

Bien que la guérison par le biais d’un vaccin reste l’objectif ultime, les traitements thérapeutiques aidant les gens à vivre avec le virus sont indispensables et doivent continuer à être affinés.

La thérapie peut cibler l’infection, directement ou ses effets secondaires.

Par exemple, un projet sur l’effet du VIH sur le cerveau, financé par le Dr Hadwen (DHT) et dirigée par le professeur Weber au St Mary Hospital Medical School de Londres, a développé une alternative aux expériences menées sur primates non humains en utilisant des cultures de cellules de cerveau comme  modèle d’infection au VIH du système nerveux central.

Un autre projet financé par la DHT enquête sur la Pneumonie, qui est un problème majeur chez les patients immunodéprimés. Cette recherche, dirigée par le Dr Huggett du Centre des maladies infectieuses à l’University College London, a étudié en premier en culture in vitro pour la recherche fondamentale, ce cas de pneumonie qui pourrait déboucher sur un test de diagnostic pour le PCP, et remplacer le travail sur animaux.

Les approches préventives devraient également être développées, comme le montre l’équipe du professeur Weber qui a également étudié les effets de gels microbicides qui empêcherait le virus infectant le sang.

Les résultats de 30 années de recherche sur le VIH montrent la nécessité de développer de nouveaux outils et d’adopter de nouvelles technologies découlant de tous les domaines de la recherche biomédicale.

Cela inclut les technologies d’imagerie pour étudier l’immunité des muqueuses, les antigènes viraux…

Les technologies génomiques pour mieux comprendre les facteurs d’hôte qui régulent la réponse immunitaire et les méthodologies de criblage à haut débit pour l’optimisation de composants de vaccins et des schémas de vaccination…

C’est dans ces voies de recherche qu’il faut persévérer et ainsi, un jour éradiquer le SIDA ainsi que la souffrance inutile des animaux actuellement utilisés en recherche…

Article paru dans notre bulletin Sciences, Enjeux, Santé n°64, résumé d’un bilan paru sur le site www.drhadwentrust.org

(recherche de la connaissance des mécanismes, motivé par un apport d’informations plus que de solutions concrètes. **recherche de médicaments)