L’Union Européenne publie des statistiques relatives à l’utilisation des animaux à des fins expérimentales

L’Union Européenne publie des statistiques relatives à l’utilisation des animaux à des fins expérimentales


En 2018, encore 9 millions d’animaux utilisés pour la première fois pour des tests et la recherche

30 juillet 2021

Tiré du communiqué de presse rédigé par Michela Kuan de l’association LAV – membre de l’ECEAE

Dans un document du 14 juillet 2021, la Commission Européenne annonce les données statistiques relatives au nombre, aux espèces et aux finalités de l’utilisation des animaux dans la recherche en 2018 dans 29 États membres (dont la Norvège et l’Angleterre).

Des chiffres toujours trop élevés

Le nombre d’animaux utilisés (hors données relatives à la Norvège, non prises en compte dans les statistiques 2015) tombe pour la première fois depuis 1991 en dessous de 9 millions avec un total de 8 921 758 d’animaux. Toutefois, la prise en compte de la Norvège fait remonter ce chiffre au-delà des 10 millions (10 572 305) d’animaux utilisés en 2018 dans les laboratoires européens.

Le nombre d’animaux utilisés reste donc encore bien trop élevé si l’on considère que la directive 2010/63/UE, qui encadre leur utilisation, prévoit que l’utilisation de cobayes ne doit être que le derniers recours.

Les premières statistiques sur les animaux génétiquement modifiés

Pour la première fois, des statistiques relatives aux animaux utilisés pour la création (GA creation) et le maintien (GA maintenance) de lignées génétiquement modifiées sont également précisées, répondant au besoin de transparence de l’information exprimé par la loi et par les citoyens.

Les animaux génétiquement modifiés représentent en effet une réalité constante dans les laboratoires atteignant plus de 1,5 million, dont 16% présentent un phénotype souffrant, qui implique donc des douleurs dès la naissance et des pathologies qui les rendent faibles et plus exposés au stress et à la souffrance.

Après une baisse entre 2015 et 2016, suivie d’une augmentation importante en 2017, on retrouve en 2018 les chiffres de 2015 avec presque 590 000 animaux génétiquement modifiés utilisés. Ces chiffres restent donc à surveiller très attentivement pour 2019, 2020, 2021.

Une hausse de l’utilisation des chiens et des primates

Le nombre de premières utilisations des mammifères en baisse (-5%) par rapport à 2017 ne doit pas cacher l’augmentation de l’utilisation des chiens (+ 29 %) 17 711 et des primates (+ 4 %) 8 583 par rapport aux chiffres de 2015 ; augmentation qui apparait frappante.

En particulier, comme le rappelle LAV, des espèces protégées dont l’utilisation devait être strictement liée aux primates, compte tenu de la proximité génétique avec l’homme et la forte capacité cognitive et de perception de la douleur.

Ceci est d’autant plus dérangeant que l’Europe s’était fixée pour objectif de n’utiliser que des primates issus de colonies autosuffisantes, alors que leur origine continue d’être, pour une grande majorité, de nature non communautaire, comme l’Afrique et l’Asie.

Le trafic d’animaux à des fins d’expérimentation, à plusieurs reprises dénoncé par nos associations partenaires dont LAV, a de plus des répercussions tragiques sur toute la faune locale et l’environnement.

Parmi les espèces les plus importées dans l’Union Européenne en provenance de pays non membres de l’UE figurent également les chats (38%) et les chiens (46 %).

Comme le rappelle l’association dans son communiqué, ces chiffres n’ont rien d’étonnant, puisque depuis l’époque du tristement célèbre élevage de Green Hill, 46% des animaux sont utilisés dans la recherche fondamentale, qui n’est soumise à aucune obligation législative. Seulement 18% sont utilisés pour répondre à des demandes réglementaires basées sur des obligations légales.

Ci-après, le pourcentage des animaux utilisés par « catégories ».

Les premières utilisations des mammifères en 2018 sont rapportées plus en détail dans le « tableau 6 » ci-dessous.

Les animaux de ferme comprennent les chevaux, les ânes et les races croisées, les porcs, les chèvres, les moutons et les bovins. Les « Autre carnivores » (6 082 en 2018) signalés étaient principalement des visons tandis que les « Autres rongeurs » (35 967) comprenaient des bancs campagnols et des souris domestiques ; et les « Autres mammifères » (5 944), principalement des otaries à fourrure et des blaireaux de l’Antarctique.

La moitié des animaux soumis aux procédures avec les deux classes les plus élevées

« En référence aux sévérités réelles rapportées pour chaque utilisation d’un animal, celles-ci restent plutôt stables en 2018. Comme en 2017, un peu plus de la moitié des utilisations ont été signalées comme « légères » (jusqu’à et y compris), 34 % comme « modérée » et 10 % comme « sévère ». 6 % des utilisations ont été signalées comme « sans récupération » (‘non-recovery’). Il y a eu quelques changements marginaux ; le nombre d’utilisations signalées comme graves et légères a diminué proportionnellement en 2018 (-1%) alors que les usages modérés ont augmenté (+2%). »1

Près de la moitié des animaux, 4 732 546, ont subi des procédures des classes de douleur les plus élevées (modérée et sévère).

La réutilisation, autorisée par la dernière directive, concerne en particulier les chevaux, les ânes, les moutons, les chiens, les chats et les primates. En Italie depuis 2017, il est interdit de soumettre un animal à une nouvelle expérience s’il est classé comme niveau de douleur « sévère ».

En France, la situation est toute autre, et on ne peut que déplorer qu’une telle interdiction n’existe pas encore.

Des chiffres qui devraient encore croitre dû aux nombreuses expérimentations sur le virus du Covid

Pour les statistiques les plus récentes, on s’attend malheureusement à une nouvelle augmentation du nombre de primates utilisés, suite aux milliers d’études sur le virus du Covid qui ont conduit à une augmentation de l’utilisation de ces espèces. Dans ce moment tragique qui menace nos proches et notre sécurité au quotidien, les politiques et choix stratégiques devraient redoubler d’effort pour le développement de méthodes de recherche innovantes, plus fiables et capables de faire face à l’urgence sanitaire que nous vivons.

Tellement plus peut et doit être fait pour réduire et supprimer le modèle in vivo

Les réponses pour guérir les humains ne sont pas chez les singes, les souris ou encore les chats, mais dans des modèles basés sur l’homme.

Pour tendre vers l’objectif ultime du remplacement complet des animaux et pour répondre à une plus grande transparence tels que ceci est exigé par la directive européenne 2010/63/UE, la Commission Européenne a donc lancé cette base de données statistiques : UE ALURES qui offre un accès gratuit à tous ceux qui souhaitent obtenir plus d’informations sur l’utilisation des animaux dans l’UE.

ALURES est certes une étape non négligeable vers le partage de données pour chaque pays et la possibilité d’accéder à un univers qui, depuis plus de 150 ans, est resté très opaque ; freinant par là même tant le développement de nouvelles méthodes de recherche que la connaissance des maladies ; ceci, tout et niant la dimension sensible des autres êtres vivants.

Ces chiffres restent donc encore et toujours beaucoup trop élevés, et sont loin de montrer une diminution significative et décidée.

Il est temps de voir une Europe concrètement engagée dans le développement et le soutien de méthodes alternatives et que cet objectif soit une priorité pour chaque État membre, capable de s’affranchir de la contrainte du modèle animal en investissant dans les nouvelles technologies, utiles pour les malades, prometteuses pour les jeunes chercheurs et faire face aux nombreux enjeux éthiques contemporains.

  1. Extrait traduit tiré du rapport de l’UE, « Summary Report on the statistics on the use of animals for scientific purposes in the Member States of the European Union and Norway in 2018 », page 7.

    Les tableaux et graphiques sont également extrait du même rapport.