L’expérimentation animale très affaiblie par le scandale des rats-OGM.


3 octobre 2012

 

 

Laissons la parole a Florence Bugnat directrice de recherche à L’INRA qui affirme dans “le monde” de ce jour que si l’on était en quête de preuves du caractère non fiable de l’extrapolation à l’homme des données obtenues par le biais d’expériences menées sur des animaux, la récente controverse à laquelle a donné lieu la publication de l’étude conduite par Gilles-Eric Séralini sur du maïs OGM les fournit.

En effet, en révélant au grand public que deux lignées de rats ne développent ni les mêmes symptômes ni les mêmes pathologies, en faisant valoir qu’il existe une variabilité interspécifique significative, les chercheurs ont du même coup jeté le doute sur l’opportunité du recours au “modèle animal” pour déterminer les normes sanitaires destinées à protéger l’homme et, plus largement, pour comprendre les pathologies qui l’affectent et proposer les soins qui pourraient y remédier. Sans que ce fût son objet ni son but, cette controverse a mis en question la pertinence de l’extrapolation de l’animal à l’homme sur laquelle est fondée l’expérimentation animale et, par voie de conséquence, la validité des résultats qui en sont tirés.

 

A cet élément s’en ajoute un autre, non moins inquiétant. En révélant que cette variabilité des réactions d’une lignée à l’autre était bien connue des chercheurs, donc des industriels pour lesquels ils travaillent parfois, ceux qui ont pointé les limites de l’étude ont implicitement dit qu’il était possible d’obtenir tel ou tel résultat en fonction de la lignée d’animaux que l’on choisissait de soumettre aux tests. On sait par conséquent fort bien produire les résultats qui seront les plus favorables à la demande d’autorisation de mise sur le marché ; il suffit d’utiliser la lignée qui ne développe pas les pathologies redoutées(…)

Les méthodes substitutives à ces expériences existent ; elles doivent être soutenues financièrement et encouragées dans leur développement. Si elles comportent, comme toute méthode, des limites, elles offrent en tout cas de nouvelles voies de recherche et de compréhension des pathologies, et rompent avec cette insoutenable logique selon laquelle il faut rendre malades et tuer les uns pour sauver les autres en vertu d’une distinction métaphysique entre “l’homme et l’animal” qui ne résiste pourtant pas à l’examen.