Les dissections ne sont plus hors la loi


12 avril 2016
Les dissections ne sont plus hors la loi

Le 6 avril dernier, le Conseil d’Etat, sous l’impulsion du syndicat d’enseignants SNES-FSU a fait annuler l’interdiction de dissections dans les lycées, qui étaient interdites par la loi depuis 2014. Cela en jouant sur un vice de forme vis à vis des fondements de cette circulaire et non pas sur le fond.

Les arguments justifiant cet incroyable retour en arrière sont tout à fait fallacieux. 

Les professeurs de SVT soutiennent que :

la confrontation avec le réel est l’un des fondements de notre discipline, dans l’évident respect de la vie animale, et les solutions alternatives actuellement proposées – maquettes en plastique, programmes informatiques… — sont loin de pouvoir remplacer la manipulation du « vivant »

Une entrave au progrès

Une position qui dénote une méconnaissance profonde du domaine scientifique des alternatives aux tests sur animaux, ici décrites comme de simples maquettes en plastiques et programmes informatiques.

Les professeurs de SVT ont-ils au moins essayé de mettre en place ces fameuses alternatives, ici invalidées par principe ? Pas à notre connaissance.

Pourtant la table de dissection virtuelle, au rendu hallucinant, ou encore le mannequin pvc ultrasophistiqué d’un patient ultra réaliste, capable de bouger, de respirer et de saigner montrent que nous sommes très loin d’une simple maquette en plastique. Les technologies sont disponibles et les jeunes de la génération 2.0, adoreraient apprendre de cette manière. La profession des enseignants de SVT ne s’honore pas avec une telle simplification du sujet.

Quant à la fameuse idée d’une confrontation avec le réel, elle est absurde. J’ai moi même refusé les dissections étant jeune et j’ai pourtant totalement conscience de la complexité du monde vivant.

La directive européenne est bafouée

Comment font les autres domaines, comme l’astronomie pour traduire ce qui est impossible de retranscrire dans une chambre expérimentale, à savoir la complexité du cosmos, de l’infiniment grand jusqu’à l’infiniment petit ? Ils font preuve d’imagination.

Plus généralement, c’est la retranscription en droit français de la Directive 2010/63/UEqui est bafouée par le Conseil d’Etat, sous l’action du corps enseignant. Cette directive qui régule l’usage des animaux utilisés à des fins scientifiques, demande une réduction du nombre d’animaux utilisés en science, dés que cela est possible. Pourtant, nous voyons que même lorsque cela est très facilement réalisable, l’opposition est puissante et empêche tout progrès, même minime.

L’indifférence au monde vivant est favorisée

Il ne fait aucun doute que banaliser la dissection à l’école peut constituer une forme d’apprentissage de l’indifférence au vivant, mais également un apprentissage de la violence.

En sous estimant la valeur d’un être vivant tué dans le simple but d’effectuer une dissection inutile, un jeune n’est probablement pas encouragé à respecter le vivant et à en être solidaire. Un complexe de type excitation/fascination accompagné d’autres instincts agressifs, peut être généré.

En allant plus loin dans la réflexion, il est avéré que des criminels se sont entrainés sur des animaux avant de passer à l’acte sur des congénères humains. En 2015, l’association japonaise JAVA a rapporté le cas d’une étudiante de Sasebo (préfecture de Nagasaki au Japon) coupable de meurtre sur une de ses camarades, qui avait présenté à l’école un vif intérêt pour la dissection de chats.

La maltraitance animale est liée à la maltraitance humaine.

Elle ne doit en aucun cas être niée mais au contraire prise au sérieux.

Margaret Mead auteure de The Anthropologist  déclarait déjà en 1964

Une des choses les plus préjudiciables qui puisse arriver à un enfant qui tue ou torture un animal, c’est de ne pas être interpellé, ou de ne pas être puni.

Selon la revue la Dépêche vétérinaire (N°1112 du 19 février 2011) des études ont commencé à voir le jour, dès les années 80. Le lien entre la cruauté envers les animaux et la psychopathologie a depuis fait son entrée dans les manuels de psychiatrie. D’ailleurs le FBI reconnaît aujourd’hui le lien entre violence sur animaux et violence sur humains en intégrant cette notion dans ses procédures d’identification de criminels.