Zoom sur les chiffres de l’expérimentation animale en France

Publication des statistiques de 2022

29 janvier 2024

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Depuis 2014, pour répondre aux obligations réglementaires européennes (article 54.2 de la directive 2010/63/UE et décision d’exécution 2012/707/UE), le ministère chargé de la recherche effectue chaque année une enquête statistique sur l’utilisation des animaux à des fins scientifiques (vertébrés et céphalopodes).

L’enquête n’inclut pas les autres invertébrés, dont certains sont des modèles importants pour la recherche (ex : drosophile). Elle n’inclut pas non plus les animaux utilisés en dehors des procédures, déclarés par ailleurs à la Commission européenne tous les cinq ans. Ces animaux recensés dans les statistiques quinquennales sont par exemple des animaux euthanasiés pour le prélèvement d’organes ou de tissus ou des animaux élevés pour générer des animaux expérimentaux ne présentant pas de phénotype dommageable et génotypés par des techniques considérées comme non invasives. Par ailleurs, aucun grand singe (chimpanzé, bonobo, orang-outang…) n’est inclus dans des procédures expérimentales.

Le 12 Janvier, le gouvernement a publié les statistiques de l’année 2022, nous vous proposons donc un aperçu plus détaillé de ces chiffres.

En 2022, 2 128 058 animaux ont été utilisés à des fins scientifiques. C’est la première fois depuis 2014 que la France franchit la barre des 2 millions d’animaux. Le gouvernement explique que le franchissement de ce seuil est dû aux recommandations de la Commission Européenne d’intégrer les animaux d’élevage non utilisés dans une procédure expérimentale dans les statistiques, soit en France plus de 320 000 animaux.

Ainsi à périmètre équivalent par rapport à celui des années précédentes, le nombre d’utilisations pour 2022 est de 1 802 025 animaux, donc une baisse de 4,9 % par rapport à 2021.

Chiffres et statistiques de l’année 2022

Les rongeurs sont de loin les animaux les plus fréquemment utilisés (85,2%), dont

66% de souris (1 413 133)
9% de lapins (190 629)
8% de rats (165 231)

Les poissons toutes espèces confondues représentent 8,7% du total d’animaux utilisés suivis des oiseaux 3,8% (58 648 poulets, coqs et poules, 15 084 dindons et 7 958 “autres”) et des mammifères hors rongeurs 1,6% (14 008 porcs, 4 147 primates non humain, 3 961 chiens, 3 551 moutons, 1 534 bovin, 1 127 chats et 4 169 “autres”) et de 0,7% d’autres espèces (9 473 xénopes, 3 193 reptiles, 624 amphibiens et 680 céphalopodes).

4 147 primates ont été utilisés pour des recherches, soit 548 primates de plus qu’en 2021, dont 1 633 issus de colonie autonome (pas nés en captivité) soit 672 de plus qu’en 2021.

5088 chats et chiens ont été utilisés en 2021, ainsi que 4169 autres mammifères.

Alors qu’une baisse est à relever quant à l’utilisation des poissons avec un total de 172 827 en 2022, contre 198 932 en 2021, l’utilisation des xénopes (famille d’amphibiens) est passée de 3824 en 2021 à 9473 en 2022 ; augmentation pouvant s’expliquer par l’inclusion des élevages de xénopes dans les statistiques.

819 727 animaux génétiquement altérés (génétiquement modifiés par des techniques de transgénèse tel que CRISPR ou générés par d’autres techniques de mutagenèse comme les rayonnement UV ou agents chimiques…), dont 108 793 avec phénotype dommageable (contraignant pour le bien-être de l’animal). 93% de ces animaux étaient des souris. Une véritable explosion avec une augmentation de plus de 330 000 animaux génétiquement altérés par rapport à 2021, soit environ 40% d’augmentation.

Sur les procédures et les domaines d’expérimentation

17% des animaux utilisés à des fins d’expérimentation soit 344 879 animaux ont fait l’objet en 2022 de procédure sévères ou sans réveil contre 19% en 2021, soit 354 212 animaux.

39% des animaux ont été utilisés pour la recherche fondamentale, suivi de 24% pour les études toxicologiques et réglementaires et 23% pour la recherche appliquée ou translationnelle (tests et développements de médicaments, etc.)

Dans le domaine des obligations législatives ou réglementaires, la grande majorité des utilisations (80 %) sont liées à la validation de médicaments à usage humain ou vétérinaire, en incluant les vaccins.

Evolution des chiffres et statistiques au cours du temps (2014 – 2022)

Interprétation du graphique : il y a une réelle stagnation du nombre total d’animaux utilisés à des fins scientifiques depuis 2014, ce qui signifie que les deux principes des 3R visant à Réduire et Remplacer ne sont pas suffisamment appliqués ou efficaces.