L’animal est-il un modèle biologique fiable de l’homme ?


10 janvier 2018
L’animal est-il un modèle biologique fiable de l’homme ?

Cet article est basé sur un résumé de la réponse la plus complète disponible sur le sujet, à notre connaissance. Cette analyse extrêmement intéressante proposée par Gabriel Gachelin du CNRS en 2008 pour la revue la revue philosophique est issue des archives scientifiques du site Hal Archives-ouvertes.

Nous ne sommes pas des rats de 70 Kg !

Toute personne concernée par le débat sur l’expérimentation animale a croisé au moins une fois cette célèbre déclaration du toxicologue Thomas Hartung, ancien rédacteur en chef de la revue Altex (Alternative to Animal Experimentation).

Une punchline simple et percutante qui a le mérite de faire réfléchir les parties prenantes : scientifiques, philosophes, monde associatif… La formule de Thomas Hartung était avant tout prononcée dans un contexte toxicologique, or l’idée de l’animal pris comme un modèle de l’homme est fluctuante selon le contexte et le domaine auquel on se réfère.

Ce qui est devenu un postulat scientifique pour plusieurs ONG, dont la nôtre, méritait que l’on s’y attarde d’avantage.

L’animal modèle de l’homme : oui mais non

Selon Gabriel Gachelin, cette notion d’animal modèle de l’homme est surtout aujourd’hui celle de l’animal pris comme modèle de maladie. On la voit apparaître dans les publications scientifiques à partir des années 80 et prendre son essor avec les possibilités offertes par les modifications génétiques (création de souris obèses, souris dépressives, souris cancéreuses etc) donnant naissance à une véritable industrie de la souris mutante.

L’idée sous jacente dans l’utilisation expérimentale de l’animal est qu’il existe des mécanismes biologiques communs : une unité de mécanismes physiologiques puis de mécanismes moléculaires.

L’auteur cite l’exemple de la grenouille qui a servi à déterminer l’influx nerveux chez cet animal et ainsi en inférer les propriétés générales chez l’humain.

Des mécanismes communs aux espèces

Si on peut admettre que ces codes informatifs sont bien partagés à quelques exceptions près, cette généralisation va facilement buter sur des phénomènes irréductibles.

Les fonctions réalisées par le cerveau du rongeur ne seront pas les mêmes chez le primate, bien que les mécanismes élémentaires à l’œuvre (circulation de l’influx etc) soient identiques. Il en va de même pour le système immunitaire. Cela explique que les chercheurs jonglent avec plusieurs espèces animales au sein des laboratoires.

Un mode de pensée

Ces détails qui font toute la différence créent-ils suffisamment de différences pour que l’on remettent en question l’équation simplifiée  “animal = modèle de maladie humaine”, fondement de la recherche biomédicale actuelle ?

Surtout lorsqu’il n’existe pas de modèle animal, même imparfait…

Les souris utilisées en tant que modèles de maladies humaines sont une construction scientifique artificielle assez éloignée de la réalité humaine mais aussi des populations naturelles de souris.

Malgré la prolifération d’articles scientifiques de type “a mouse model of…” (un modèle de souris pour …) la souris ne développe en général pas une maladie semblable à la maladie humaine. Au mieux elle développe une forme murine qui en mime certaines étapes.

Notre ancien président, le professeur Jean-François Béquain aimait à rappeler que chaque espèce est le fruit d’une évolution longue au sein d’une niche écologique qui lui est propre. Pour Gabriel Gachelin, cette spécificité inter espèce n’est pas inattendue : chaque organisme est issu de l’assemblage de mécanises et d’objets moléculaires relativement ubiquitaires.

De fait on possède une masse d’informations sur le système immunitaire de la souris que l’on peut utiliser pour les guérir de maladies qu’ont leur aura provoquée mais la transposition à l’homme de ces procédures thérapeutiques reste illusoire (…) les résultats obtenus dans une espèce comme la souris ne peuvent donc pas, en dépit de la généralité réelle des mécanismes mis en jeu, être facilement transposés (…) à l’homme.

Vous pouvez lire cette analyse passionnante en cliquant ici.