Nous répondons aux académiciens.


8 juin 2015

Fortement contestée par une grande partie
de la société européenne, l’expérimentation animale est aujourd’hui
continuellement remise en question.

C’est pour cela que l’Académie nationale
de médecine, l’Académie des sciences, l’Académie nationale de pharmacie et l’Académie
vétérinaire ont réagi dans un front commun pour défendre l’expérimentation
animale. 

Une prise de position reprise par le site web lequotidiendumédecin.fr le 26 mai dernier.*

Nous dénonçons le discours des académies
qui sont visiblement piégées dans une routine du « tout test sur animaux »
allant à l’encontre du progrès scientifique et d’un changement de paradigme pourtant
nécessaire.

Un dysfonctionnement majeur qui dépasse
la cause animale

L’industrie
pharmaceutique peine à mettre au point de nouveaux traitements contre le cancer, avec seulement 5% de
nouveaux médicaments validés sur les 10 dernières années.
En cause l’efficacité
des nouvelles molécules qui, bien que prometteuses sur les « modèles
animaux », se révèlent décevantes lors des tests cliniques.

Plus de 99% des
nouvelles thérapies pour Alzheimer sont
en échec
après avoir été identifiées avec succès sur des modèles animaux.
Nous sommes face à un dysfonctionnement majeur de santé publique.

Nous avons besoin de nouveaux modèles

De nombreuses
voies de recherches s’ouvrent à nous et permettent d’envisager un nouveau
modèle de recherche : celui d’un humain virtuel. Organes sur puces,
organismes sur puce, bio modules mimant les échanges microfluidiques, imagerie
médicale sophistiquée, modélisation de pathologie en 3D permettent d’envisager
un futur sans expérimentation animale si on s’en donne les moyens.

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Des préjugés dépassés

Alors que la
recherche sur « modèles animaux », particulièrement sur rongeurs,  s’apparente à une recherche industrielle, issue d’une monoculture de laboratoires, il
est inquiétant de constater que l’essentiel des données médicales découlent de souris
et de rats.

Ces résultats
sont souvent dénués d’intérêts pour l’espèce humaine. Dans la mesure où le
modèle peut fonctionner ou pas pour l’humain, cela revient à jouer à la roulette
russe avec notre santé.

Concernant la médecine vétérinaire

Nous prenons le
pari que beaucoup de propriétaires de chiens ou de chats seraient, par principe,
opposés à l’idée même que l’on puisse expérimenter des médicaments et autres
molécules sur des chiens ou des chats de laboratoire en tout point semblables à
leurs compagnons. 

Des alternatives mal considérées

Nous observons
que ce que l’on nomme, de manière simplifiée « alternatives » aux
expérimentations animales, est bien souvent méprisé alors que le modèle animal est consacré. Les
faiblesses de ces techniques hors modèle animal, encore nouvelles, sont facilement
critiquées alors que celles du modèle animal sont considérées avec complaisance. Les académiciens déclarent aucune
méthode alternative connue ne permet de comprendre les interactions existant
entre les organes ou de reproduire les différentes fonctions d’un même organe
(…) c’est la raison pour laquelle il est nécessaire d’avoir recours à l’animal

alors que la qualité des données issues des modèles animaux, qui ne
correspondent pas à l’espèce étudiée, c’est-à-dire l’espèce humaine reste très
aléatoire. C’est un fait reconnu par de nombreux chercheurs.

Les académiciens
affirment que de grands progrès en
matière de médecine humaine ont été réalisés grâce à l’expérimentation
animale 
ce qui reste difficile à démontrer tant les protocoles de
recherche incluent de nombreuses méthodes ne faisant pas exclusivement appel à
de la recherche animale. Il est à ce propos important de signaler que les
chercheurs ne sont pas tenus de publier les échecs de leur recherches mais
seulement les succès contribuant à donner une impression trompeuse. 

En février dernier une
nouvelle a été abondamment relayée par les médias à propos du cancer avec ce
titre accrocheur : “Elle
a trouvé la molécule tueuse de cancer”
.

Pourtant lorsque l’on regarde
d’un peu plus près, sans même remettre en cause la découverte, il semblait
extrêmement prématuré de communiquer sur cette nouvelle.

La chercheuse elle-même admet
ne pas savoir encore pour quel type de cancer cette nouvelle recherche sera
valable ! On ne saura précisément
qu’après avoir réalisé des tests sur patients.

En 2006, c’est-à-dire il y a
9 ans, on lisait déjà une accroche similaire sur un site célèbre : “Cancer
 : les espoirs d’une nouvelle molécule tueuse (de cancer ndlr)”
.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Les
chercheurs avaient à l’époque identifié des mécanismes prometteurs sur des
souris : il restait à faire les essais sur l’humain. Une simple formalité ?
Non. 

Les chercheurs eux-mêmes
savent qu’il faut attendre les essais cliniques sur l’homme pour être
totalement certains de la validité des découvertes. 

 Nous répondons aux académiciens

Nous sommes
surpris que les académiciens déclarent il
existe une similitude presque parfaite entre les gènes d’une souris et ceux
d’un humain
. Nous invitons les académiciens à se procurer urgemment  l’enquête parue sur le site
www.slate.com en 2011
, que nous avons condensé en 4 volets intitulés “la
souris de laboratoire, monoculture de la recherche médicale” qui nous
signale, sans considérations éthiques, que les rongeurs de laboratoires sont un
produit industriel de piètre qualité. 
Que ces rongeurs sont des animaux consanguins, élevés par millions en
usine, suralimentés, dopés aux antibiotiques qui constituent une menace pour la
santé humaine.

Cette enquête
rappelle entre autre, que la tuberculose de la souris est bien différente de
celle de l’homme ce qui explique l’absence de progrès en matière de médicaments
anti tuberculeux.

Toutes ces expériences sont des
approximations (…) nous utilisons ces modèles dans l’espoir de reproduire les
maladies humaines 
déclare
Harold Varmus, prix Nobel de médecine. 

Cette
complaisance fait écho au manque de volonté d’une grande partie de la
communauté scientifique de réellement évoluer vers une science sans
expérimentation animale et pose question à la société qui s’en rend compte. A
l’heure où tant de progrès issus des nouvelles recherches sont réalisés tous
les jours dans les laboratoires.

Aujourd’hui nous
voyons des centres de primatologie doubler leur capacité d’accueil, alors que
la directive européenne 2010/63 relative aux animaux utilisés à des fins
scientifiques, demande une diminution et un remplacement des expérimentations
animales. 

Nous savons que
des alternatives aux expérimentations animales, comme le test de pyrogénicité
MAT sont validées mais tout simplement ignorées par les laboratoires
pharmaceutiques, causant la mort de centaines de milliers de lapins alors que,
encore une fois, un test validé est disponible.

Nous constatons enfin
que le soutien financier à ces méthodes dites alternatives est dérisoire.

* A l’heure ou nous publions cette réponse, le site web lequotideindumedecin.fr n’a pas réagi à notre prise de positon envoyée le 5 juin dernier, et ne l’a encore moins évoquée sur son site.