Le député Alain Marleix demande le soutien des transports de primates pour les laboratoires. Nous lui écrivons.


25 octobre 2014

Monsieur le député,

Des sympathisants de Pro Anima, nous ont contacté au sujet de votre question écrite n° 57242 publiée au JO du 10 juin 2014, concernant le transport des primates par la compagnie Air France.

La manière dont vous soulevez la problématique nous a beaucoup surpris. Vous employez un vocabulaire exclusivement économique pour traiter une question éthique de société importante pour de nombreux citoyens français. Cette question mérite selon nous un traitement plus adapté pour de nombreuses raisons. 

Les primates sont des êtres sensibles, extrêmement intelligents. Ceux-ci, prélevés dans leur milieu naturel, subissent un traumatisme puissant. Traumatisme qui peut d’ailleurs influencer les résultats obtenus lors des recherches. Par la suite ils seront transportés en avion afin de fournir les laboratoires de recherche biomédicale. Pourtant les scientifiques eux-mêmes nous renseignent sur le caractère fragile et sensible de ces animaux très proches de l’homme. Ils nous alertent sur les souffrances physiques et psychologiques qu’ils endurent dans les laboratoires. En 2012, des neuroscientifiques du monde entier ont signé la Déclaration de conscience des animaux.   Cette déclaration stipule que tous les vertébrés possèdent les substrats biologiques aptes à produire de la conscience, à ressentir la peur et la douleur. 

Notre président, le professeur Béquain, habilité à diriger des recherches, a lui-même remis fortement en question la pratique de l’expérimentation animale en croisant le regard d’un jeune primate sanglé sur sa table de vivisection il y a quelques années.

Il est admis aujourd’hui que même proche de l’humain d’un point de vue génétique, les primates, comme tous les animaux, ne sont pas des modèles biologiques fiables pour l’espèce concernée, à savoir l’espèce humaine. Ainsi, Philippe Low, neuroscientifique canadien de l’Université de Stanford et du Massachusetts Institute of Technology a déclaré qu’avec 100 millions de vertébrés utilisés annuellement par la recherche, à peine 6% de ces expériences étaient efficaces pour l’être humain.

Loin d’un discours purement militant, il s’agit d’un fait établi et reconnu par la communauté scientifique.

En revanche, de nombreuses voies de recherches éthiques et véritablement scientifiques permettent d’envisager de manière réaliste la fin des expérimentations animales à condition que les pouvoirs publics s’investissent pleinement dans cette voie. C’est là qu’il faut investir toutes les énergies disponibles !

La création d’organes en laboratoires est un des grands challenge de la science moderne, la mise au point de bio simulateurs des mécanismes neurologiques, la modélisation en 3D de pathologies lourdes, la création d’un atlas du cerveau humain, sont autant de nouveaux outils technologiques qui demandent toute l’énergie et l’attention des pouvoirs publics mobilisés autour des problématiques de santé et d’éthique.

Nous espérons avoir complété votre information sur ce sujet, car la question que vous posez  “Quelle aide le Gouvernement pourrait apporter à Air France afin d’éviter à terme des conséquences sociales et économiques liées à cette situation ? ”  Devrait plutôt être selon nous Quelle aide le gouvernement pourrait fournir afin que la recherche puisse s’affranchir de l’utilisation animale,  au nom d’une recherche performante, éthique, au service de tous ?“

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