Des propos surprenants sur le site « lemauricien.com » nécessitent une mise au point


1 octobre 2012

O combien il est facile d’affirmer qu’un mal est nécessaire lorsque l’homme est exclu du conflit d’intérêt…

Si l’expérimentation animale est nécessaire alors c’est en tant qu’aberration dans un système qui marche sur la tête et qui refuse d’évoluer.
Un système plus équitable, qu’il serait d’ailleurs temps de promouvoir, peut exister. Certes la demande sociétale ne fait pas la une systématique des médias ; il y aura toujours une guerre ou une grande catastrophe qui passeront devant. Certes la capacité de mobilisation des citoyens est moins importante lorsqu’il ne s’agit pas de défendre des intérêts personnels. Mais cela n’empêche pas que sur le terrain, lors de manifestations, sur les stands, dans les salons, les citoyens s’étonnent de la perduration de l’expérimentation animale.
Loin d’une mobilisation purement émotionnelle, le public désire en savoir plus et recherche un complément d’information que certains médias se refusent à fournir.

Quel crédit accorder à celui qui affirme aimer les animaux tout en promotionnant l’idée de leur expérimentation ? Il y a une terrible inversion des valeurs et un cynisme hors du commun qui ne peuvent que susciter mal à l’aise et embarras chez le lecteur, qui, intelligent, pressant faille dans la logique.
S’agit-il d’une prise en otage du lecteur ? On peut pourtant défendre les animaux, demander leur remplacement par d’autres méthodes moins cruelles et œuvrer pour une meilleure santé humaine sans pour autant être de dangereux fanatiques.

Selon M. Lachapelle 70% des expériences n’utilisent pas d’animaux. Or un tel chiffre ne se voit pas dans les statistiques du nombre d’animaux utilisés. Celui-ci est soit en hausse constante soit en stagnation depuis ces dix dernières années. Ce chiffre de 70% est surtout le fait de tests préliminaires ou d’expériences in vitro utilisés en complément des expérimentations animales.

Concernant les médicaments, un ouvrage vient tout juste de paraître listant les 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux. Selon les auteurs, le Pr Philippe Even et le député Bernard Debré, un médicament sur deux ne sert à rien. Faisons le calcul : 2000 médicaments seraient donc inutiles, contrairement aux 70 jugés « inactifs ou dangereux » par M. Lachapelle. L’écart est de taille. Rajoutons à cela que 20% (des 4000) seraient mal tolérés et 5% potentiellement dangereux. Les auteurs déclarent même que « l’industrie pharmaceutique est la plus lucrative, la plus cynique et la moins éthique de toute les industries ».
De nombreux traitements présentent des effets secondaires redoutables parfois aussi pénibles que les maladies elles-mêmes. Le Dr Peter Nelson du Fred Hutchinson Cancer Research center et son équipe ont mis en évidence les effets délétères des chimiothérapies sur l’ADN des cellules saines qui produisent sous l’effet des chimios une protéine pouvant nourrir la cellule cancéreuse. 
Les scandales sanitaires sont nombreux — et la plupart du temps étouffés — et s’expliquent bien souvent par les effets secondaires et réactions imprévisibles que l’on ne constate pas sur cobayes animaux. Dire« les risques sont très limités » et que 70 médicaments inactifs ou dangereux, « n’est pas grand chose » est irrespectueux pour les 35 000 morts par ans victimes d’effets secondaires de médicaments … Il est choquant de voir que la souffrance, le traumatisme et les pertes humaines sont à ce point niés. 
Notons également que la remise en cause permanente du « tout médicament » est un fait de société de plus en plus souvent débattu dans les médias loin de tout cercle plus ou moins isolé et non représentatif.

Aujourd’hui, de nombreux scientifiques, surtout dans le monde anglo-saxon, dénoncent les tests sur animaux. Il est admis que l’animal n’est pas un modèle biologique fiable et extrapolable à l’homme. Même les tests sur primates ne sont pas acceptables et justifiés sur le plan scientifique. 
Curieusement, les expérimentations scientifiques hors modèle animal sont peu promotionnées.
Il n’est pas normal aujourd’hui de constater que les formidables progrès des sciences modernes hors utilisation animal soient si peu soutenus, ou alors dans le seul but d’affiner la recherche sur les animaux. Quand on sait que le budget du ministère de la culture est de 2 Milliards d’euros alors que celui de l’ECVAM (l’organisme en charge des validations en Europe) n’est que de 20 Millions par an, on est en droit de s’interroger !
Pourtant, des scientifiques recherchent activement, sur le terrain ou en laboratoire, des voies de recherches prometteuses, sans animaux et au service de l’homme. Par exemple, en thérapie génique pulmonaire il a été prouvé que les modèles animaux sont peu fiables ; de nouveaux modèles de poumons humains qui imitent parfaitement le poumon chez l’homme sont à l’étude.
En neurosciences, les avancées se font hors expérimentation animale ! Une grande partie des neurosciences cognitives humaines demeure à un stade précoce de développement et un long chemin reste encore à accomplir avant de pouvoir expliquer la complexité du comportement humain.
Les caractéristiques de nombreux troubles du cerveau (schizophrénie, maladies neuro-dégenératives, Alzheimer) sont étudiées sur animaux, souvent manipulés pour établir une correspondance aux maladies humaines qu’ils ne développent pas naturellement. Malgré tout, le rôle spécifique de chaque structure du cerveau et la manière dont elles interagissent restent mal compris par ces études sur animaux. 
Dans de nombreux cas nous connaissons les principales zones du cerveau impliquées dans le contrôle d’un processus cognitif particulier, mais on n’en sait peu sur leur manière d’interagir.
Par exemple : les études d’imagerie fonctionnelle ont permis d’identifier un réseau riche et complexe de structures corticales et sous corticales actives pendant les taches requérant une attention soutenue (lésions cérébrales et électrodes plantées sur primates ainsi que des études sur rats ou porcs).
Le Dr Ellison, au Royaume Unis, a démontré que la simulation magnétique transcrânienne pouvait être utilisée pour perturber temporairement des parties du cerveau sur des humains volontaires. Cette technologie a démontré une capacité en tant qu’outil valable pouvant remplacer des études invasives sur animaux. Elle a également montré qu’une nouvelle manipulation de cette technologie, sur 2 sites, pouvait être utilisée pour étudier l’interaction entre les diverses régions du cerveau. Elle s’effectue désormais sur des volontaires humains pour étudier la relation entre deux zones du cerveau que l’on sait être impliquées dans le contrôle de l’attention à la place des études invasives sur les animaux. 
En France, le programme Valitox, un test de toxicité utilisant du matériel biologique humain, est en cours de validation. Il s’agit d’un test performant puisqu’il prédit à 82% les effets toxiques observés chez l’humain contre 65% de prédiction lors des tests sur la souris.
Ce ne sont que deux exemples parmi beaucoup mais des initiatives à soutenir d’urgence.