Des huîtres, des rats, des souris et des hommes… À qui le tour ?


21 juillet 2009

Communiqué pour diffusion immédiate : Mercredi 22 juillet 09

Le Comité scientifique Pro Anima répond à un article intitulé « Le rat pour les huîtres » paru dans le journal Sud Ouestdu 27 Juin 2009, relatant la nouvelle direction que s’apprête à suivre l’industrie conchylicole à savoir : la transposition sur des rats des tests jusqu’alors réalisés sur la souris, pour tester l’éventuelle toxicité des huîtres du bassin d’Arcachon.

Le Comité Scientifique Pro Anima (du latin ce qui est animé, vie, souffle, esprit) est un comité scientifique indépendant formé autour d’un conseil de chercheurs, d’universitaires et membres du corps médical, tous bénévoles oeuvrant à la promotion des alternatives aux tests animaux pour des raisons éthiques, écologiques, scientifiques et économiques.

Pro Anima tient à apporter les précisions suivantes : Les tests pratiqués sur des rongeurs sont obsolètes, empiriques et difficilement extrapolables à l’homme. Pour ce qui concerne la recherche de phycotoxines, le « test souris » est issu d’un dosage biologique développé au Japon en 1978 de l’acide okadaïque (ce qui explique l’injection directe dans la cavité intra-péritonéale et non l’exposition par ingestion). S’il est encore recommandé au niveau international car pouvant être pratiqué par des pays qui ont de faibles moyens techniques en analyse et toxicologie, il est difficile de comprendre qu’il serve de base en France à la gestion des phycotoxines marines « inconnues ».

Le professeur Jean-François Narbonne ajoute :

Dans ce cadre nous avons été étonnés des tentatives de remplacer le « bio essai souris » par un « bio essai rat ». Nous nous interrogeons sur la pertinence de changer d’espèce animale, sauf pour passer à une espèce moins sensible que la souris aux toxines marines. Nous savons qu’il est possible de sélectionner une lignée de rongeurs afin d’obtenir une réponse allant dans un sens désiré. Or qu’il s’agisse du rat ou de la souris c’est toujours un test in vivo qui est pratiqué ce qui ne change en rien les difficultés d’interprétation et d’extrapolation à l’homme. De plus les recommandations européennes concernant les tests toxicologiques dans le cadre de la Directive REACH demandent de substituer aux tests sur animaux des tests alternatifs faisant appel aux connaissances acquises au cours des trente dernières années.

On se demande alors pourquoi les tests pour la recherche des toxines marines continueraient à mettre en œuvre des techniques obsolètes. La poursuite de tests toxicologiques sur rongeurs, qu’ils soient rats ou souris risque de nous mener à des mesures de gestion inadaptées.

Le comité scientifique Pro Anima insiste donc sur l’urgence d’une évaluation scientifiquement fiable faisant appel aux outils qui sont à disposition dans les laboratoires de toxicologie, basées sur des techniques de biologie cellulaire de routine (cytotoxicité, apoptose, génotoxicité, neurotoxicité, stress radicalaire…) de biologie moléculaire plus sophistiquées (toxicogénomique, protéomique…) et des techniques d’imagerie et de bio-informatique, …

Il est étonnant que le programme national visant à adapter de tels tests à la recherche des phycotoxines, ne soit jamais cité ni par les professionnels ni par les autorités publiques. Ce programme de recherche, financé par le Ministère de l’Agriculture sous la coordination de l’AFSSA et de l’IFREMER a commencé en Novembre 2008 et regroupe 6 laboratoires Français (dont ceux des Universités Bordeaux1et Bordeaux 2) et compare les résultats des tests in vivo au criblage toxicologique in vitro. Dans ce nouveau protocole figure le test Valitox-Cytox développé par le laboratoire indépendant Novaleads, co-financé par les principales associations françaises et Suisse de protection des animaux et coordonné par Pro Anima. Il est applicable à des cellules humaines et devrait contribuer à identifier la toxicité des « toxines inconnues » révélées par le « test souris ».

 

t;>Faute d’un test fiable, les huîtres d’Arcachon et les ostréiculteurs risquent de prendre l’eau encore un moment ! Après les rats, à qui le tour ?

 

Pour Pro Anima, professeur Jean-François NARBONNE et

Professeur Jean-François BÉQUAIN

Président

Contact presse : Arnaud Gavard et Emilie Minaudier